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Comment l’enregistrement de l’état civil peut protéger et autonomiser les femmes et les filles

Kids walking the street in Guinea
Crédits photos: Dominic Chavez/World Bank

L’enregistrement de l’état civil est l’enregistrement d’événements vitaux de la vie d’une personne, dont la naissance, le décès, le mariage et le divorce. Tout le monde tire avantage d’un système d’état civil efficace. Il aide les gens à prouver leur identité et leur statut juridique avec la certification et l’identification nationale, leur permettant d’exercer leurs droits et d’accéder aux services publics.

L’enregistrement de l’état civil est particulièrement important pour les femmes et les filles, parce qu’il peut les aider à rééquilibrer les inégalités entre les sexes. Voici plusieurs exemples à l’appui ci-dessous :

Protection contre le mariage des enfants

Les extraits de naissance aident les filles à éviter un mariage précoce en leur permettant de prouver leur âge et de rechercher la protection des services sociaux. Une étude menée dans 106 pays (dont certains où le mariage des enfants est illégal) a montré une forte corrélation entre des taux élevés d’enregistrement des naissances et de faibles taux de mariage des enfants. (Hanmer et Elefante, 2016).

Si le mariage des enfants a diminué, sa prévalence reste terriblement élevée : une femme sur cinq âgée de 20 à 24 ans a été mariée lorsqu’elle était enfant. Si rien n’est fait, près de 150 millions de filles seront mariées avant leur dix-huitième anniversaire d’ici 2030 (UNICEF).

Une éducation

L’éducation est un droit humain et elle est essentielle pour briser le cycle de la pauvreté. Chaque année d’école primaire augmente le futur salaire d’une fille de 10 à 20 % et une année supplémentaire d’école secondaire ajoute 15 à 25 % (UNICEF 2011). De plus, une mère éduquée est plus susceptible d’envoyer ses enfants à l’école. Pourtant, près de 15 millions de filles ne mettront jamais le pied dans une salle de classe, contre 10 millions de garçons (UNESCO 2016).

En République dominicaine, la non-possession d’un extrait de naissance figure au troisième rang des raisons pour lesquelles les enfants ne vont pas à l’école. Les enfants qui parviennent à accéder à une éducation sans document d’identité doivent malgré tout pour prouver leur nom légal afin d’obtenir un diplôme (Corbacho, 2012).

Le droit de réclamer un héritage

Les certificats de mariage et de décès assurent aux femmes une protection juridique si leur époux décède, leur permettant de réclamer un héritage et des prestations sociales. Au Népal, les femmes ne peuvent obtenir une pension de veuvage que si elles ont une preuve de leur mariage, ainsi que les certificats de décès et de citoyenneté de leur époux décédé (Banque asiatique de développement, 2007).

Accès aux services bancaires

Une pièce d’identité peut aider les femmes à gagner leur indépendance financière, non seulement en élargissant leurs perspectives professionnelles, mais aussi en leur permettant d’ouvrir un compte bancaire. En Inde, les hommes étaient 20 % plus susceptibles d’avoir un compte bancaire que les femmes en 2015, mais cet écart a diminué pour atteindre 6 % grâce à l’initiative nationale relative aux cartes d’identité biométriques (Banque mondiale, 2018).

Une voix politique

L’action et la voix politique des femmes accusent un retard important par rapport à celles des hommes : les femmes n’occupent que 24 % des sièges des chambres hautes et basses à l’échelle mondiale (Union interparlementaire, 2018). Une étude menée au Pakistan montre qu’un document d’identité national peut établir le droit au vote des femmes, et améliorer leur statut social et leur liberté politique (Yan et Kemal, 2015). L’état civil est une passerelle d’accès aux documents d’identité, que 45 % des femmes des pays à faible revenu ne possèdent pas, contre 30 % des hommes (Banque mondiale, 2018).

Nous nous penchons plus en détail sur l’importance de l’état civil pour les femmes et les filles dans le document Ne laisser personne pour compte : les systèmes ESEC, le genre et les ODD. C’est le deuxième article de notre série de synthèses de connaissances sur le genre et les systèmes d’enregistrement et de statistiques de l’état civil (ESEC).

Mayra Buvinic est l’une des coauteurs de cet article. Elle a présenté un exposé sur la façon dont les systèmes ESEC peuvent faire progresser l’égalité des sexes lors d’un forum des ONG de la Commission de la condition de la femme organisé par le CRDI le jeudi 14 mars 2019.